Dans un marché où la diversification des stratégies des diffuseurs génère de l’accélération (Rosa, 2013) pour l’ensemble des acteurs du secteur de la création, l’étude de l’éditorialisation d’une chaine comme Arte et sa relation au dispositif favorisant l’émergence et l’incubation de futures créations audiovisuelles permet d’aborder utilement les transformations de la filière et les changements de positionnement des intermédiaires français en Europe et dans le monde. Notre intention ici consiste à montrer que la compréhension de cette économie et de cette esthétique des séries internationales dépend des enjeux géopolitiques des groupes audiovisuels et des entreprises du numérique - qui se dissolvent peu à peu dans un ensemble plus vaste, où la technologie, le commerce et la création entretiennent de nouveaux rapports et d’un ancrage territorial des chaines. Nous partirons ainsi d’approches économiques mais également socio-anthropologiques en nous appuyant sur une étude de cas pour saisir la place du pitch dans le parcours de production de la série No man’s land tout en présentant quelques constats sur les phénomènes d’accélération de la production des projets audiovisuels et la contribution des festivals à ce mouvement. Nous verrons alors que les rythmes propres à la production des créations audiovisuelles contemporaines 1 peuvent être entremêlés à ceux des événements festivaliers dès lors que l’on s’équipe conceptuellement et techniquement pour les analyser.